discursives-herméneutique-citoyen du monde-cosmopolitisme-espace publique-consumérisme-consensus rationnel critique



lecture de : Le concept du 11 septembre
de Giovanna Borradori et avec Jürgen Habermas et Jacques Derrida.
les numéros de pages sont donc tous ibidem à cet ouvrage.

Hans-Georg Gadamer p.85:

l'interprète d'un évènement passé se trouve conditionné, dans le jugement qu'il porte sur cet évènement, par les efforts produits sur son propre présent.
Gadamer qualifie cette interaction de "fusion des horizons", ce par quoi il nie la possibilité d'approche ou de prise en compte d'une tradition de manière immédiate ou tout simplement neutre, car le présent est le seul angle sous lequel un accès au passé devient possible.



Emmanuel Kant (vers la paix perpétuelle) p.92 :

L'hospitalité signifie le droit qu'a tout étranger de ne pas être traité en ennemi dans le pays ou il arrive.
L'étranger ne peut revendiquer ce droit d'hospitalité, il peut cependant prétendre à un droit de visite, qui autorise tout les hommes à s'offrir de faire partie de la société en vertu du droit de possession commune de la surface de la terre; Celle-ci étant sphérique, ils ne peuvent s'y disperser à l'infini, et ils doivent bien, à la fin se tolérer les uns les autres.



Habermas p.97 :

La consommation de masse et son idéologie, le consumérisme, non seulement empêche le consensus rationnel critique mais s'impose aux participants les plus vulnérable de l'espace public : ceux dont le niveau de richesse est supérieur au niveau d'éducation



Derrida p.177 :

G.B. - Personnellement, je trouve la question de la souveraineté internationale très compliquée parce que si on pousse le rôle des organisations internationales et du droit international aux limites, on va revenir à un modèle d'État : un méta-État, une méta-loi.


J.D. - Immense problème en effet. Les grandes références à discuter ici, pour moi, ce serait Kant ou Hannah Arendt. Tous deux ont à la fois appelé à un droit international en excluant, voire en condamnant l'hypothèse d'un super-État ou d'un gouvernement mondial. Il ne s'agit pas de traverser, comme c'est le cas aujourd'hui, des crises plus ou moins provisoires de la souveraineté pour aboutir à un État mondial, à un État-Monde. Cette dés-étatisation d'un type absolument inouï donnerait à penser, au-delà de ce que Kant ou Arendt ont formulé de façon déterminée, à la nouvelle figure à venir d'un ultime recours, d'une souveraineté (disons plutôt, et plus simplement, car ce nom de souveraineté reste trop équivoque, encore trop théologico-politique : force ou puissance, cratie), d'une -cratie allié voire une avec non seulement le droit mais la justice.
Voilà ce que je voudrais entendre par « démocratie à venir ». « Démocratie à venir », cela ne veut pas dire démocratie future qui un jour sera « présente ». La démocratie n'existera jamais au présent, elle n'est pas présentable, et elle n'est pas non plus une idée régulatrice au sens kantien. Mais il y a l'impossible dont elle inscrit la promesse qui risque et doit toujours risquer de se pervertir en une menace. Il y a l'impossible et l'impossible reste impossible en raison de l'aporie du demos :
à la fois, d'une part, la singularité incalculable de n'importe qui, avant tout « sujet » , la possible déliaison sociale d'un secret à respecter, au delà de toute citoyenneté et de tout « État », voire de tout peuple, voire de l'état actuel de la définition du vivant comme vivant « humain »,
et, d'autre part, l'universalité du calcul rationnel, de l'égalité des citoyens devant la loi, le lien social de l'être-ensemble, avec ou sans contrat, etc. Et cet impossible qu'il y a , il reste ineffaçable. Il est aussi irréductible que notre exposition à ce qui vient. C'est l'exposition (le désir, l'ouverture, mais aussi la crainte) qui ouvre, qui s'ouvre, qui nous ouvre au temps, à ce qui arrive, à l'évènement. À l'histoire, si vous préférez, une histoire à penser tout autrement que depuis un horizon téléologique, et même que depuis un horizon tout court. Quand je dis « l'impossible qu'il y a », je désigne cet autre régime du « possible-impossible » que j'essaie de penser en questionnant de toutes les façon (par exemple autour des questions du don, du pardon, de l'hospitalité, etc.), en tentant de « déconstruire »,si vous voulez, l'héritage des concepts de « possibilité », de « pouvoir », « d'impossibilité », etc. Mais je ne peux pas m'y étendre davantage ici.